Rainier Lericolais Abstracks III
L’omniprésence de l’empreinte dans le travail de Rainier Lericolais, des moulages aux oeuvres sur papier en passant par la photographie, invite à s’y arrêter. Les empreintes de vinyles qu’il nomme Phantomes (série initiée en 2009, par ailleurs nommée Abstracks I, II, III, IV) serviront de fil rouge. Collées sur fond noir ou sur verre, elles présentent le négatif du disque original dans ses moindres détails sous la forme d’une mince pellicule plastique transparente .

[…] Les Phantomes mettent en abyme le procédé d’empreinte, puisqu’ils opèrent sur des objets déjà moulés. Ils déjouent en outre la sérialité ici doublement attachée à l’empreinte comme à la standardisation du disque : ils sont souvent disposés en des ensembles,
non d’une matrice unique, mais d’une collection dont on peut différencier les microsillons et parfois les indications gravées sur l’espace vierge central (Sordide sentimental, 2009).

 


Abstracks I,II,III,IV, empreinte de vinyl sur carton, 2011
courtoisie de l’artiste, galerie Frank Elbaz
exposition Abstracks
le confort moderne , Poitiers, 2011
[…] Les Phantomes sont issus du durcissement pelliculaire d’un nettoyant plastique liquide habituellement utilisé pour débarrasser les sillons des déchets les plus tenaces.
Il s’agit donc d’une substance – notons sa parenté avec le PVC du support original – qui permet de rénover les disques, de retrouver leur aspect originel, rayures exceptées. Or, ce sont bien aussi ces dernières, ainsi que la poussière accumulée au cours du temps qui font l’empreinte des Phantomes.
 


galeriefrankelbaz.com

 

 
« J’essaie de montrer une réalité que personne ne voit, explique Rainier Lericolais. Non pas des choses qui n’existent pas, mais des choses invisibles. Peu m’importe qu’elles soient vraies ou fausses, ce qui compte, c’est la manière de les faire voir. » [...]

Tout le travail de Rainier Lericolais pourrait être [ainsi] envisagé comme une entreprise de production d’images. Ou plutôt du détournement de celles-ci. Il s’agit, pour mieux les faire apparaître, d’opérer un déplacement afin de les révéler – ainsi des paysages fantomatiques dont le surgissement furtif précède im-médiatement l’extinction d’un poste de télévision...

David Sanson, “Rainier Lericolais”, French Connection, 88 artistes contemporains, 88 critiques d’art, Montreuil,
éditions Black Jack, 2008